Mon tour de Corse à la nage en relais et sans escale
Enfin nous y étions. Nous avions pu louer le bateau un jour avant , ce qui nous a permis de charger les vivres et monter tous nos sacs à bord. Le départ allait être donc avancé au samedi 15 juin au matin 7H.
La veille nous avions repéré ce qui allait être la plage de départ et d’arrivée de ce défi un peu fou: sur la route des Sanguinaires,la plage du Macumba, nom du restaurant qui se trouvait là.
Nous étions 4 a passer cette dernuit avant le départ l’hôtel, les autres ayant préféré rester sur le bateau.
Le départ fut donné par Fred Kocen notre premier relayeur. Toute l'équipe engagée sur ce 1er Tour de Corse à la nage en maillot, en relais et sans escale était très motivée. Motivée à affronter les différents éléments qui allaient se trouver sur sa route et qui caractérisent tant cette nage en eau libre: vent, courant, houle, méduses.
La première journée fut un véritable calvaire pour la plus part d'entre nous. Nous étions tous (8/12) sujets au mal de mer et nager dans ces conditions étaient extrêmement pénible même si le courant nous était favorable et nous poussait vers le Cap Corse.
Pour ma part j’étais au plus mal et me demandais ce que je faisais là. Je n’avais qu’une envie, retourner à bord et arrêter la natation à jamais. Mon estomac était noué par ce mal de mer, je n’ai pu ni boire ni manger durant cette 1ère journée de nage.
J’étais contrarié par un souci physique apparu une semaine auparavant et qui me trottait dans la tête. Bref, j’étais au plus mal.
Lors de mon 3ème relais j’ai pu enfin vomir tripes et boyaux dans l’eau et à partir de cet instant mon état physique et psychologique s’améliora d’heure en heure….Ouf.
Une houle importante mettait en difficulté les kayakistes lors de chaque changement de relais. Alain qui était initialement prévu sur le kayak du se résoudre à jeter l’éponge tant la situation était critique pour lui dans ces conditions et il retourna donc assistant comme initialement prévu à l’origine du projet.
C’était un mal pour un bien tant il fut précieux dans ce domaine d’autant plus que Marie anne était au plus mal durant cette 1ère journée et ne pouvait accomplir sa tache: nous faire à manger!
Mais dés le lendemain tout rentrait dans l'ordre et nous pouvions passer la Cap au bout 2 jours. Passage difficile sur la fin avec la présence de bancs de méduses dont Fred Kocen fut la prinicipale victime. Marqué, brulé sur le visage et les bras essentiellement il fut pris en charge par Marc notre médecin / skipper puis par Florence grâce à ses préparation à base d'huiles essentielles.
La redescente coté est de l'ile a pu se faire à vive allure puisqu'en une journée 115 kms ont été nagés. Les passages de la base militaire de Solenzara et de l'étang de Diane nous montrèrent malheureusement que notre belle Méditerranée était bien elle aussi victime de cette pollution avec d'innombrables déchets rencontrés et des passages ou il nous était difficile de mettre la tête dans l'eau tant elle était insalubre.
Le passage des bouches de Bonifaccio furent douloureuses car là aussi nous étions attendus par nos "amies" les méduses. Le titre de mon livre "Nageur de l'extrême à la conquête des mers hostiles" prenait la tout son sens.
Cette fois ci ce fut notre nageuse Eve qui fut victime de nombreuses piqures, brulures de la part des différents spécimens de méduses. Nous étions médusés par ce spectacle ou notre corps était meurtri..la décision fut prise d'attendre le lever du jour avant de reprendre notre route en avant.
Nous étions freiné dans notre progression mais nullement entamé dans notre détermination d’aller au bout de cette aventure. La fatigue engendrée par des temps de sommeil très courts commençait à faire son effet sur nos organismes mais notre progression était constante et il ne nous restait plus que la baie de Propriano à franchir avant d'arriver à celle d'Ajaccio et la route des Sanguinaires point d'arrivée finale de notre défi.
Malheureusement la nuit tombante nouvelle attaque des pires méduses durant les relais d’Eve et de Fred. Kocen qui nous a contraint encore une fois de patienter jusqu'à l'aube avant de reprendre notre route en avant.
En effet nous avons rencontré 3 types de méduses: la première qui vous pique et vous procure une gêne durant 15’; la seconde qui est beaucoup plus douloureuse puisque ses filaments vient vous enlacer et vous bruler(j’en ai encore les stigmates sur mes jambes et mon torse); enfin la 3ème qui est électrifiante. A son contact vous sentez une décharge électrique qui vous stoppe net et vous fait hurler de douleur. Cela résonne comme une complainte dans cette nuit noire et si calme. Cette décharge électrique est accompagnée du bruit de plus est, un “Dzit Dzit” comme un court circuit qui pourrait se produire chez vous. Pour finir la méduse s’illumine à cet instant là…magique mais foudroyant.
L'équipe restait concentrée et savait qu'avec l'avance prise durant les premiers jours du défi nous allions réussir à atteindre notre but le vendredi 14h comme annoncée 1 semaine plus tôt.
Pour les deux derniers kilomètres nous avions décidé de faire des relais courts de 10’ à fond chacun et ainsi espérer arriver au plus vite sur la plage.
Quelle délivrance lorsque les 4 nageurs et le reste de l'équipe ont été accueillis sur la plage d'arrivée. Thierry Corbalan accompagné de Sarah Koch, nageurs du club du Dauphin Corse étaient là à nous attendre dans l'eau eux aussi...séquence émotion( ils furent d’ailleurs piqués par des méduses qui devaient vouloir fêter notre arrivée à leur manière). Meme Fred y a eu droit une dernière fois à 200m du bord…quand ça veut pas!!
J’étais satisfait sportivement de mon tour de Corse puisque plus les jours avançaient, plus je me sentais en forme malgré le manque de sommeil. Mon rythme de nage fut crescendo durant cette semaine et j’ai vraiment pris du plaisir à nager dans ces conditions changeantes. C’est cela l’esprit eau libre: faire corps avec les éléments qui se présentent à vous, changeant, déroutant mais qui ne doivent jamais vous déstabiliser.
Le tour de Corse la nage en maillot , en relais et sans escale venait d'être réussi par toute l'équipe d'un même club, l'Ois'eau libre, en 6 jours et 8h30.
12 personnes qui ont vécu une aventure unique avec des souffrances physiques et psychologiques mais qui sont allés au bout d'eux même afin de réussir l'improbable.
Ce fut une joie d’essayer de vous faire vivre de l’intérieur cette aventure avec le direct live Facebook chaque jour à 19H
J’espère que notre mission de mettre en avant l’association Petit coeur de Beurre a porté ses fruits et que les dons vont affluer afin d’aider les enfants et leurs familles, touchées par ses malformations cardiaques,dans leur quotidien. Je suis fier d’être un de vos ambassadeurs et comme je ne cesserais jamais de répéter que chaque coup de bras donné en nageant correspond à un battement de coeur en plus…donc mon but est de nager encore et encore.
Mais le défi était aussi écologique avec un partenariat avec Océan Protection France, qui nous a lui aussi fait confiance dans cet aventure. Nous avons démontré durant cette semaine que notre Belle Bleue est dans un sale état et qu’il est du devoir de tout à chacun de faire le petit geste qui permettra de sauver notre planète. Il en va de la survie de notre espèces et du bien être de nos enfants, petits enfants et générations futures.
Je remercie mes partenaires qui sont présents à mes côtés et qui sont toujours prêts à me suivre dans des défis encore plus fous: